Atelier d’écriture interminable, Capital culturel, texte n° 4
L’atelier d’écriture se caractérise par un temps volontairement limité. Mais la proposition d’écriture peut s’émanciper de son cadre d’atelier pour devenir chantier d’écriture. Et, pourquoi pas, consigne obsessionnelle, espace réitératif jusqu’à complet dévoilement.
Je propose une consigne, et une tentative de traitement.
Proposition d’écriture : écrire sous forme de listes commentées le roman d’un échec.
CAPITAL CULTUREL
Texte n°4, perspective d’un semblant d’action, mais non finalement…
L’enfant est maintenant retranché dans un coin du tapis, entièrement livré à une épopée discrète qu’il récite pour s’en enivrer. L’aventure inclut apparemment la torture d’un insecte que je ne distingue pas, mais je connais la concentration particulière qui accompagne ces expériences méthodiques et passionnées. Je me souviens en particulier de l’opération de décapitation d’une mouche, phase finale d’une batterie de tests raffinés que le coffret d’accessoires d’un microscope avaient inspirés (teinture des ailes, application de colle, section de pattes, etc.). Il murmure gentiment à cette petite bête le détail de son supplice tout en arrachant ses ailes ou autre chose avec un joyeux sentiment de toute-puissance.
La mère n’a pas vu l’insecte, et nous épargne dans l’ordre :
1) cri
2) rappel du règlement
3) lavage des mains de l’enfant
4) reproche au père
5) exposé comparatif des plans de charge respectifs des membres du couple parental
6) proclamation exaspérée d’une impuissance à se dédoubler (référence répétée à une divinité hindoue à l’appui)
Soit un épisode désagréable et inintéressant de vingt minutes au minimum.
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