All for Joomla All for Webmasters
Browsing Category

atelier interminable

atelier interminable Nos Ateliers d'écritures Récit

Atelier d’écriture interminable, Capital culturel – 4

Atelier d’écriture interminable, Capital culturel, texte n° 4

L’atelier d’écriture se caractérise par un temps volontairement limité. Mais la proposition d’écriture peut s’émanciper de son cadre d’atelier pour devenir chantier d’écriture. Et, pourquoi pas, consigne obsessionnelle, espace réitératif jusqu’à complet dévoilement.

Je propose une consigne, et une tentative de traitement.

Proposition d’écriture : écrire sous forme de listes commentées le roman d’un échec.

CAPITAL CULTUREL

Texte n°4, perspective d’un semblant d’action, mais non finalement…

L’enfant est maintenant retranché dans un coin du tapis, entièrement livré à une épopée discrète qu’il récite pour s’en enivrer. L’aventure inclut apparemment la torture d’un insecte que je ne distingue pas, mais je connais la concentration particulière qui accompagne ces expériences méthodiques et passionnées. Je me souviens en particulier de l’opération de  décapitation d’une mouche, phase finale d’une batterie de tests raffinés que le coffret d’accessoires d’un microscope avaient inspirés (teinture des ailes, application de colle, section de pattes, etc.). Il murmure gentiment à cette petite bête le détail de son supplice tout en arrachant ses ailes ou autre chose avec un joyeux sentiment de toute-puissance.

La mère n’a pas vu l’insecte, et nous épargne dans l’ordre :

1)      cri

2)      rappel du règlement

3)      lavage des mains de l’enfant

4)      reproche au père

5)      exposé comparatif des plans de charge respectifs des membres du couple parental

6)      proclamation exaspérée d’une impuissance à se dédoubler (référence répétée à une divinité hindoue à l’appui)

Soit un épisode désagréable et inintéressant de vingt minutes au minimum.

Lire le texte 3

atelier interminable Nos Ateliers d'écritures Récit

Atelier d’écriture interminable, Capital culturel – 3

L’atelier d’écriture se caractérise par un temps volontairement limité. Mais la proposition d’écriture peut s’émanciper de son cadre d’atelier pour devenir chantier d’écriture. Et, pourquoi pas, consigne obsessionnelle, espace réitératif jusqu’à complet dévoilement.

Je propose une consigne, et une tentative de traitement.

Proposition d’écriture : écrire sous forme de listes commentées le roman d’un échec.

CAPITAL CULTUREL

Texte n°3, on avance à peine…

Ceux-là sont allés à l’université, suffisamment pour produire sur tout énormément de discours argumenté, pas assez pour échapper à la tiède pitance des revues. Mais je veux bien, sur ce divan, venir goûter la dernière tambouille accommodée par l’air du temps.

1) Parce que je rattrape chez eux mon retard en matière d’idées contemporaines moyennes des classes éduquées.

2) Parce que le regard porté sur l’humanité n’y déroge pas à la bienveillance (additif du corpus qu’ils ont absorbé inconsciemment, avec leur ration de théories simplifiées pour l’industrie universitaire).

3) Parce que la contrepartie affective me semble très honnête. On s’interrompt à peine dans ses activités pour m’ouvrir la porte, on me sert un café réchauffé dans un vieux mug fêlé : j’appartiens au cercle étroit des amis confirmés.

4) Parce qu’on y lisse, par manque d’attention, mais peut m’importe, les variations de mes états : on m’apaise sans le savoir.

J’étends les jambes et j’écoute tranquillement les vertus de la Paternité, que l’homme étale avec un enthousiasme réel où l’on retrouve aussi bien la joie de la trouvaille que la conviction inusée du converti. Je l’écouterais me parler de son intérêt pour le culte druidique et le tatouage intégral avec la même considération, et absence de considération. Va pour la Paternité et les sous-thèmes : Paternité et sens de la responsabilité, Paternité et découverte de la clairvoyance enfantine, Paternité et dialogue… Ca commence grandes valeurs, et ça retombe vite, en Paternité et quête interminable de garde d’enfants, Paternité et prix des chaussures en taille 28…

En effet, ils ont chez eux cet enfant qui leur appartient et dont ils m’entretiennent avec régularité au moyen d’indicateurs chiffrés que je m’efforce de retenir, peut-être avec une vague crainte d’être interrogée un jour. Je l’ai connu embryon alors que sa fragile présence tenait à quelques semaines d’aménorrhée, puis fœtus, à travers kilos accumulés, taille de bonnets de soutien-gorge et fréquence de coups de pieds nocturnes, enfin nourrisson, converti en durées de sommeil et diverses courbes comparées.

Malgré l’abondance des données fournies, en l’absence de lien acquis par parenté ou heures de babysitting, il n’entre pas dans la catégorie des « mineurs familiers à lancer en l’air avec des cris ou à gratifier de chatouilles ». A mon arrivée tout à l’heure, on lui a commandé un bonjour dont il s’est acquitté tout de suite, je me suis penchée vers le petit visage pour recevoir, sous l’œil, un baiser rapide et mal fichu : formalités réglées.

Lien vers le texte 2

atelier interminable Nos Ateliers d'écritures Récit

Atelier d’écriture interminable, Capital culturel – 2

L’atelier d’écriture se caractérise par un temps volontairement limité. Mais la proposition d’écriture peut s’émanciper de son cadre d’atelier pour devenir chantier d’écriture. Et, pourquoi pas, consigne obsessionnelle, espace réitératif jusqu’à complet dévoilement.

Je propose une consigne, et une tentative de traitement.

Proposition d’écriture : écrire sous forme de listes commentées le roman d’un échec.

CAPITAL CULTUREL

Texte n°2, toujours le début…

Mauvais jour. Pour m’oublier, je me transporte chez des gens de grand bruit, capables d’étouffer les individualités chétives sous la somme brutale de leurs existences mises en mots.

Couple d’amis : êtres indissociables à apprécier de façon dissociée, rarement amis entre eux.

Accueil agréable en cette fin d’après-midi, la configuration est de bonne augure quoique attendue, sinon caricaturale : la partie féminine du couple d’amis à la cuisine / la partie masculine du couple d’amis au salon. J’en déduis que l’hystérique étant occupée, et l’atone disponible, la situation présente une faible potentiel de tension.

J’investis avec gratitude un divan pour une conversation sans affects. J’accède tranquillement aux échanges protocolaires d’ouverture, évaluation synthétique en une phrase maximum de l’état physique et psychique de quelques personnes de  nos entourages respectifs et communs.

Maîtrisant bien les usages de ce micro-groupe, j’ouvre ensuite à l’hôte masculin la possibilité d’exposer  le credo ostentatoire de la période en cours,  lequel va mobiliser toutes ses neurones et son énergie pour une durée qui varie généralement d’une semaine à quelques mois. Je le fais par pure courtoisie puisque je m’y intéresse faiblement, mais cela me coûte peu de l’y engager: il suffit de commencer n’importe quelle phrase par une expression du type « Tu as vu… » ou « Tu as remarqué… » pour qu’il déroule son concept-clé d’un air exalté.

Il a ainsi investi successivement toute sa capacité de certitude dans:

–          le régime instinctif

–          les constellations familiales

–          les explications anthropologiques des différences entre les sexes (l’homme à la chasse, la femme à la caverne, etc…)

–          la neuropsychologie

–          le feng shui

–          l’extraordinaire potentiel du marché chinois

–          la micro-nutrition

–          la fin de l’Histoire

Pour lire le texte précédent: Capital culturel, texte 1

atelier interminable Nos Ateliers d'écritures Récit

Atelier d’écriture interminable, Capital culturel – 1

L’atelier d’écriture se caractérise par un temps volontairement limité. Mais la proposition d’écriture peut s’émanciper de son cadre d’atelier pour devenir chantier d’écriture. Et, pourquoi pas, consigne obsessionnelle, espace réitératif jusqu’à complet dévoilement.

Je propose une consigne, et une tentative de traitement.

Proposition d’écriture : écrire sous forme de listes commentées le roman d’un échec.


CAPITAL CULTUREL

N°1 : Conventionnellement désigné comme « le début »

–          Cuisses lourdes

–          seins petits et très hauts

–          bras trop longs

–          jambes trop courtes

–          cheveux secs

–          fesses molles.

Tu n’es pas une vraie fille avec au moins quelques attributs gracieux à défaut d’être belle, mais un être taré avec des bas qui plissent, un col mal roulé, des cheveux imprévisibles, une couleur agressivement désaccordée avec l’air du temps. Tu scrutes l’infirmité de ta silhouette dans le rendu cru des miroirs. Il y aura, dans l’assemblage, un détail malheureux, une tache quelque part.

Ce que tu sais de toi représente l’ampleur de ce qui demeure à cacher.

Faire l’amour : suite d’esquives savantes.

Parler : bruit abondant,  dérèglement qui étourdit, où l’agité des mains fournit un paravent à l’épaisseur du visage.

Les définitions dont tu as construit le monde t’épuisent en gesticulations qui s’observent. Entre ces calculs, l’intervalle de vie où tu respires, ce sont ces passivités bienheureuses : lire, regarder les autres s’accommoder de leur espace, accumuler les émotions fades de la télévision, rester à température.

S.H.